Changement de décor
Steinsel - On sait que la belle propriété qui se trouve à l’entrée de notre village et qui autrefois appartenait à la famille de Scherff, appartient aujourd'hui, après avoir passé par les mains de M. Wilmar et de M. De Blignières à M. Léon Laval. Ce qui a piqué la curiosité des promeneurs et des excursionnistes dont le flot incessamment accru s’est déversé pendant les jours de la Pentecôte sur notre paisible village — si vanté pour sa situation pittoresque et pour bien d’autres agréments encore — ce sont les changements importants que le nouveau propriétaire fait exécuter à grands frais dans le vaste parc qui entoure la coquette maison de campagne.

Ceux qui, les premiers, furent un peu déconcertés par les changements, ce sont les indigènes eux-mêmes. L’idée dont s’inspire, en. effet, M. Léon Laval, dans ses projets, est à l’opposé de celle qui avait guidé un autre propriétaire de château bien connu des habitants de la commune de Steinsel, l’ancien député Tony Erpelding, dans les transformations exécutées dans le parc de sa résidence de Heisdorf. Le premier soin de Tony Erpelding, dès qu’il eut acquis à beaux deniers le beau château de Mme Lippmann à Heisdorf, (section de la commune de Steinsel) — château, qui appartient aujourd’hui aux Sœurs de la Doctrine chrétienne qui en ont fait une maison de retraite pour les sœurs devenues infirmes — ce fut de faire abattre non seulement le grand mur mais encore les arbres séculaires qui, du côté de la grande rorute empêchaient les passants de voir du château autre chose que la girouette de la tour. Etre devenu acquéreur d’un des plus beaux châteaux du pays et ne pas pouvoir exciter la jalousie des passants en étalant ce joyau à tous les regards, c’était pour l’amour-propre de l’ancien meunier de Steinsel une trop cruelle mortification. Or, M. Léon Laval fait exactement le contraire, et les promeneurs qui passent devant les deux propriétés peuvent faire d’édifiantes réflexions sur la contradiction qui règne dans nos goûts et nos conceptions et qui s’explique en grande partie par la différence de nos «cultures». Au lieu de dégarnir les abords de sa propriété dû côté de la route, M. Laval cherche à les fermer par un épais rideau de verture. Là où une double porte d’entrée permettait aux passants d’explorer (du regard les coins les plus intimes de l’habitation, règne aujourd’hui un long mur d’enceinte qui ne souffre aucune interruption, et on ne parvient à l’intérieur que par une entrée aménagée aux deux extrémités du parc. (LIL: 12.6.1924)